Vidéo: 03 _ LA POLYPHONIE _ Bakhtine et Ducrot
La vidéo introduit la notion de polyphonie linguistique/discursive comme une prolongation du dialogisme bakhtinien : selon Bakhtine, le langage est intrinsèquement dialogique, c’est-à-dire que chaque énoncé résonne en “dialogue” avec d’autres énoncés antérieurs ou possibles. Ainsi, aucun discours ne s’exprime dans un vide : il est toujours en tension avec d’autres voix (autres locuteurs, points de vue, contextes). Cette “pluralité de voix” permet de comprendre comment une œuvre littéraire (notamment chez Dostoïevski) laisse place à des consciences autonomes qui ne sont pas simplement des porte-voix de l’auteur.
Ensuite, la vidéo passe à la conception de Ducrot, qui reprend l’idée de polyphonie pour l’appliquer aux énoncés quotidiens. Chez Ducrot, un énoncé peut “faire entendre” plusieurs points de vue ou “voix” à l’intérieur de lui-même, même si un seul locuteur le prononce. Il introduit la distinction entre locuteur (celui qui parle réellement) et énonciateurs (les voix internes que l’énoncé met en scène). Par exemple, une phrase négative (“Ce mur n’est pas blanc”) porte implicitement une “voix opposante” qui soutiendrait “ce mur est blanc” : la voix du point de vue contradictoire est mise en écho.
La combinaison des deux approches — l’héritage du dialogisme pour la pluralité des voix dans le discours et l’outil de la polyphonie pour l’analyse de l’hétérogénéité énonciative interne — permet d’analyser finement comment le sens se construit non pas dans l’unité, mais dans le croisement de voix visibles et invisibles.