La formation à distance (FAD) est une modalité éducative qui s’inscrit dans une longue tradition d’adaptation de l’enseignement aux contraintes spatiales, temporelles et technologiques. Loin d’être une invention contemporaine, elle plonge ses racines dans le XIXe siècle, bien avant l’avènement d’Internet.

1. Les origines postales de la FAD

La première forme institutionnalisée d’enseignement à distance apparaît au milieu du XIXe siècle avec l’enseignement par correspondance. En 1840, Sir Isaac Pitman propose des cours de sténographie par voie postale en Angleterre, en utilisant un système d’échange de lettres corrigées par l’enseignant (Moore & Kearsley, 2012). Ce modèle repose sur un apprentissage individualisé, centré sur l’écrit, sans interaction immédiate, mais il marque un tournant dans la démocratisation de l’accès au savoir.

2. L’ère des médias audiovisuels

Au cours du XXe siècle, la FAD connaît une évolution significative avec l’intégration de la radio et de la télévision. Dans les années 1920-1930, des universités américaines diffusent des cours radiophoniques, suivis dans les années 1960 par des programmes télévisés éducatifs (Glikman, 2002). Cette époque marque l’entrée des médias de masse dans le champ éducatif, favorisant la diffusion à grande échelle de contenus pédagogiques, mais sans pour autant créer une véritable interactivité.

3. La FAD institutionnalisée : les universités ouvertes

Les années 1970 voient la naissance d’une nouvelle forme de FAD : l’université à distance. L’exemple emblématique est l’Open University du Royaume-Uni, créée en 1969, qui associe supports imprimés, émissions télévisées et tutorat à distance (Perriault, 2002). Cette structure a servi de modèle à plusieurs autres pays, dont la France, avec le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED), fondé dès 1939, mais renforcé et modernisé dans les années 1980.

4. L’arrivée de l’Internet et des environnements numériques

Le développement du numérique dans les années 1990 transforme radicalement la FAD. L’arrivée du courrier électronique, puis des plateformes Web, permet la mise en place de dispositifs d’apprentissage interactifs, évolutifs et collaboratifs. On parle alors de formation en ligne ou E-learning. Ces environnements offrent des outils variés (forums, visioconférences, quizz interactifs, classes virtuelles) facilitant la communication synchrone et asynchrone entre enseignants et apprenants (Guichon, 2007).

Selon Garrison et Anderson (2003), cette phase marque l’entrée dans un modèle d’apprentissage communautaire, où l’apprenant devient acteur de son parcours grâce à une combinaison d’interactions sociales, de ressources numériques et de médiations pédagogiques.

5. Vers une hybridation des pratiques

Aujourd’hui, la formation à distance ne se conçoit plus comme une alternative marginale, mais comme un mode d’apprentissage complémentaire, voire central, dans de nombreuses institutions. Le développement du blended learning ou apprentissage hybride combine présentiel et distanciel dans une logique de flexibilité pédagogique (Lebrun, 2011). La crise sanitaire liée à la COVID-19 a également accéléré cette transition vers des dispositifs pédagogiques hybrides et multimodaux.

Par ailleurs, les MOOC (Massive Open Online Courses), apparus au début des années 2010, ont élargi l’accès au savoir universitaire au plus grand nombre, même si leur efficacité reste discutée selon les contextes (Laurillard, 2012).

Modifié le: samedi 17 mai 2025, 18:17