La stylistique étudie le style, mais la catégorie de style n’a pas de définition univoque. Le terme provient du grec stilos (ou du latin stilus) qui désignait pendant l’Antiquité un instrument pour écrire (poinçon, baguette...)Plus tard, ce terme était employé pour désigner la manière d’écrire, l’art d’écrire et de composer des discours ou, autrement, l’art oratoire qui faisait objet d’une discipline spéciale connue sous le nom de rhétorique.Du point de vue historique, la stylistique est très étroitement liée à la rhétorique. A ses origines on trouve Aristote, et avant tout ses deux œuvres d’importance primordiale La Rhétorique et La Poétique. En ce qui concerne la rhétorique, son rôle essentiel dans l’art de persuader grâce auquel un locuteur (ou un orateur) entraîne ses auditeurs à accepter son point de vue (même si a priori ils avaient un point de vue différent). La rhétorique établit trois grands types d’éloquence, selon qu’on veut persuader sur le vrai ou le faux, le juste ou injuste, l’utile (honorable) ou le dommageable (déshonorant).La rhétorique, chez les Anciens (Aristote, Cicéron, Quintilien), était à la fois un art de 1'expression littéraire et un code de règles qui permettait d'apprécier l'art des orateurs et des écrivains. Les concepts de la rhétorique élaborés à cette époque étaient étroitement liés avec les idées philosophiques des auteurs de l’Antiquité. La rhétorique à cette époque-là disposait déjà d’une théorie des tropes et des figures et d’un schéma de la composition des discours des orateurs qui comprenait: introduction, division, affirmation, réfutation, conclusion.

C'est sous la forme de la rhétorique que la stylistique était transmise à travers le Moyen Age vers la période des XV – XVIII siècles.En France, la notion du style a toujours préoccupé les savants et l’opinion publique. Au XVème siècle le problème des tropes et des figures était évoqué dans les œuvres du célèbre poète français François Villon (1435-vers 1465) : Petit Testament, Grand Testament, Épitaphe. Au XVI siècle Etienne M. de Montaigne parle du style dans ses «Essais» (1580) et croit que le style doit refléter la réalité.Les poètes de la Pléiade avaient formulé leurs conceptions littéraires et linguistiques qui présentaient un grand intérêt pour l'évolution de la stylistique française, parce qu’ils traitaient des problèmes de l'enrichissement du vocabulaire et du choix des moyens d'expression. L’un des savants qui ont donné de l’essor à l’évolution de cette science était Joachim du Bellay (1522-1560) Au XVII siècle les gens de lettres, les grammairiens, les écrivains et les poètes s’intéressaient beaucoup aux problèmes de la langue et du style (Vaugelas, Malherbe, Boileau).Les ouvrages de Vaugelas («Remarques sur la langue française») et de Malherbe («Commentaires sur Desportes») contiennent des remarques précieuses sur la valeur stylistique des mots et des tournures grammaticales, sur les différences sémantiques et stylistiques des synonymes. Vaugelas (1585-1650) privilégie le bon usage et trouve que la norme du français correspond «au parler de la plus saine partie de la Cour». Boileau, poète et théoricien du classicisme français, définit dans son Art poétique (1674) les genres littéraires et les procédés d'élocution propres à chacun de ces genres. Dès cette époque la notion des genres littéraires devient inséparable de celle du style. A chaque genre correspond un style déterminé, c'est-à-dire des modes d'expression rigoureusement définis non seulement en ce qui concerne la composition, mais également en ce qui concerne le vocabulaire, la syntaxe, les figures et les tropes employés.

Au XVIII siècle Voltaire, Condillac, Diderot, Marmontel et Buffon se préoccupent des problèmes du style. L’Académie française fait la différence entre le style élevé (tragédie, ode), le style moyen (roman, récit), le style simple (comédie, farce, fable).